Après avoir exploré Funchal et les environs, nous prenons possession de notre voiture de location, une Kia Stonic presque neuve, et nous partons à l'exploration de l'île en commençant par la côte nord. Nous établissons notre base à Sao Vincente située au centre de la côte pour 6 nuits. Notre appartement est très grand, pourvu de tout ce qu'on pourrait avoir besoin et donne sur un jardin avec vue sur les montagnes. Superbe!
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Sao Vincente, notre base au nord |
Nous avons été chanceux, la côte nord réputée plus pluvieuse nous a épargnés. Pas de pluie mais évidemment une température plus fraîche mais tout de même ensoleillée.
Ce fut d'abord un premier contact avec la conduite sur les routes très étroites et sinueuses de Madère. Comme le dit Lucie, « zéro accotement ». De plus, en l'absence souvent de stationnement pour les maisons et même les commerces, les gens n'ont pas d'autre choix que de se garer dans la rue ce qui bloque complètement une voie de circulation. Il faut donc vérifier le trafic en sens inverse et doubler lorsque la voie est libre. Heureusement les madériens sont habitués; ils sont patients et courtois. On s'est vite rendu compte qu'à moins qu'on puisse emprunter les tunnels, la vitesse moyenne est de 40 km/hre et encore! Donc, même si les distances sont courtes, il faut du temps pour atteindre une destination et surtout beaucoup d'attention de la part du chauffeur. Heureusement, tout s'est bien passé, on a remis l'auto sans une égratignure ce qui n'est pas le cas pour la majorité des touristes semble-t-il! Ah oui, les tunnels, il faut en parler! Même s'ils nous empêchent de voir le paysage, ils sont très appréciés lorsqu'on veut de rendre rapidement d'un endroit à un autre sans subir tous les lacets de montagne. À titre d'exemple, pour un trajet de 25 km environ, sur la voie express de la côte sud, on a traversé 24 tunnels, certains de quelques centaines de mètres d'autres de plus de 3 km!
Porto Moniz est la ville la plus à l'ouest de la côte nord. Réputée pour ses piscines naturelles, elle attire beaucoup de touristes. Malgré le fait qu'il faisait trop froid pour nous pour songer à se baigner dans l'océan, nous sommes allés voir ces fameuses piscines naturelles. En fait, on a bétonné l'espace entre des rochers à fleur d'eau en bord de mer tout en permettant à l'eau de mer d'entrer et de sortir pour alimenter les piscines. Tout autour, des vastes espaces bétonnés font office de plage pour prendre du soleil. Disons, que ça ne ressemble pas aux plages des Caraïbes auxquelles nous sommes habitués mais les européens, habitués aux plages de galet, semblent apprécier...
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Les piscines naturelles de Porto Moniz |
Tout le long de la côte, les miradouros (points de vue) se succèdent et nous permettent d'admirer la côte escarpée, les petits villages perchés ou au ras de l'eau : Seixal, Ribeira da Janela, Santana, Sao Jorge, Boaventura, Ponte Delgada etc.
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Miradouro sur la côte nord-ouest |
Partout le paysage reste foncièrement rural. On y cultive la vigne, le maïs et les patates douces; ses habitants sont encore très proches de la tradition. C'est à Santana qu'on a pu voir les petites maisons de paille, typiques de l'époque où la côte nord était synonyme d'isolement et de pauvreté.
Madère dispose d'un réseau de 1 400 km de canaux, les levadas, qui épousent les contours des montagnes et irriguent les terres agricoles, vignes et potagers. Les nuages, portés par les vents dominants, se butent aux montagnes du centre de l'île et déversent leur charge d'eau qui est récupérée dans le système de canalisation et répartie dans toute l'île, notamment sur le versant sud qui est naturellement beaucoup moins arrosé mais qui compte la plupart des plantations qui croissent bien grâce au soleil abondant et à des températures plus constantes. Pour joindre l'utile à l'agréable, les levadas font aussi office de sentier de randonnée; en effet, on peut marcher sur le sentier qui longe le canal et qui en permet l'entretien. De plus, l’île étant très verdoyante, ses paysages remarquables en font une destination de renommée pour la randonnée pédestre.
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La levada do Caldeirao Verde |
Nous avons notamment randonné le long de la Levada do Caldeirao Verde (le chaudron vert) bordée d'une flore riche et exubérante : fougères, hortensias, agapanthes, lauriers, joubarbes, monstera etc. Tous les tons de vert étaient au rendez-vous!
À Achada da Cruz, nous empruntons le téléphérique qui permettait aux paysans d'aller cultiver les terres fertiles au bas de la falaise sur le bord de la mer. La descente de 450 m d'une durée de 5 minutes avec un pente de 98% est spectaculaire entre mer et falaise. On y voit encore le tracé des cultures, les clôtures délimitant les jardins et les petites maisons abritant les jardiniers mais les vignes aujourd'hui sont devenues sauvages et courent au sol. C'était une autre époque!
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Le téléphérique d'Achada Da Cruz |
Le centre de l'ouest madérien ne ressemble à rien d'autre sur l'île, c'est un monde à part. C'est un haut plateau à 1 200 m d'altitude souvent envahi par les nuages et baigné par le brouillard. Ici, pas de village, pas de vignes ou de bananes, seulement de la forêt clairsemée qui sert de pâturage aux vaches!
C'est sur ce plateau qu'on retrouve la fameuse Forêt de Fanal, la forêt primaire qu'on appelle laurissilva, une forêt sub-tropicale humide et suintante inscrite au Patrimoine mondial de l'Unesco. Cette forêt occupe 20% de la superficie de l'île. Ce type de forêt occupait des pans entiers du bassin méditerranéen mais elle a peu à peu reculé pour finir par disparaître complètement il y a 10 000 ans sauf aux Açores, aux Canaries et à Madère. Quelques poches de ces forêts primaires ont en effet survécu dans ces archipels grâce à la douceur des températures et à l'humidité ambiante. C'est à Madère où « cette relique de la préhistoire » s'est le mieux maintenue.
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Laurissilva de la Forêt de Fanal |
Pour notre part, nous avons exploré Fanal d'abord sous le brouillard puis sous une pluie fine ce qui lui a conféré un caractère mystérieux, voire mystique. Les fameux lauriers tordus et recouverts de fougères et de mousse semblent tout droit sortis d'un monde préhistorique...à moins que ça soit nous qui y avons été plongés! Quoiqu'il en soit, nous en sommes ressortis tremblants de froid mais heureux d'avoir vécu cette expérience et enrichis des photos et vidéos qu'on en a faits.
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Au Pico do Arieiro, 1 816 m |
Au centre de l'île se retrouve aussi une cordillère de pitons rocheux enveloppés ou émergeant des nuages, selon le cas. Le plus haut sommet est le Pico Ruivo à 1861 m d'altitude. Nous avons choisi de plutôt randonner vers le Pico do Arieiro ( 1816 m), plus facile d'accès. La météo change rapidement à Madère, les montagnes sont souvent sous les nuages. Compte tenu qu'il fallait compter plus d'une heure de trajet en lacet pour s'y rendre, il a fallu être patient et attendre une bonne fenêtre météo. Malgré tout, nous y sommes arrivés sous le soleil mais avec des nuages qui s'avançaient au fond de la vallée. Le temps d'atteindre le sommet, prendre quelques photos et voilà que les nuages nous ont complètement enveloppés. Une demie-heure plus tard et nous n'aurions rien vu!